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F - Abitur - Arbeit Nr. 6

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une famille
 

une famille

 


Thema:      La condition de la femme
Text:         Evelyne Sullerot1, Pères: Le deuxième sexe
aus:           L'EXPRESS, 14 février 1986


Obsédés depuis des décennies par le sexe et le pouvoir, nous avons oublié
la famille et ses rôles, et jusqu'à l'étymologie de certains mots. Quand les
femmes ont justement dénoncé les multiples discriminations sexuelles et
sociales dont elles étaient victimes, elles ont fustigé le «patriarcat». Quand,
05 protégées par la pilule, elles sont devenues des partenaires sexuelles
exigeantes, et d'autant plus aisément dédaigneuses qu'elles gagnent leur vie,
les hommes ont commencé à parler de matriarcat et les ont bousculées sur
les listes électorales. C'est oublier que patriarcat signifie «gouvernement des
pères», et matriarcat, «gouvernement des mères». Or, si la peur des hommes
10 pour leur virilité et leur pouvoir dans la cité semble bien exagérée, ils ont
tout lieu de s'inquiéter de l'érosion de leur rôle de père.
Insidieuse marginalisation, qu'ils ont laissé faire, quand ils n'ont pas eux-
mêmes préparé les textes et voté les lois qui la consacrait. Cela leur a-t-il
paru de peu d'importance? Ou leur mauvaise conscience envers les mères,
15 auxquelles ils avaient peu à peu abandonné  l'éducation des enfants, l'a-t-
elle emporté sur leur désir de maintenir leurs prérogatives? Toujours est-il
que les pères ont cédé sur la paternité, et que leurs fils, devenus pères à leur
tour, découvrent aujourd'hui qu'ils forment le «deuxième sexe parental», ne
jouissant pas des mêmes droits sur leur progéniture que les mères, négligés,
20 évincés, gommés souvent. Le père est considéré, par bien des mères, des
juges, des psy, des éducateurs, des assistantes sociales, comme le parent le
moins important, voire gêneur, indésirable, remplaçable.
Certes, on les voit, en jeans, l'anneau à l'oreille, promener leur bébé: ce
spectacle insolite permet de parler des «nouveaux pères» - ceux qui, en
25 blouse blanche, coupent le cordon le jour de l'accouchement; ceux qui
biberonnent; ceux qui câlinent plus qu'ils ne corrigent. Ils ne punissent plus
guère pour de mauvaises notes, ne vont plus guère voir les profs,
n'interdisent plus telles fréquentations, ne choisissent plus l'avenir de leur
enfant et ne lui coupent plus les vivres. Ils ne sont plus «la loi» pour l'enfant.
30 Et la loi n'est plus pour eux. Finie la «puissance paternelle». Ils ne sont
plus maîtres de leur géniture: la femme peut décider si elle continue sa
contraception ou tente une grossesse. Mariée ou pas, elle peut décider de se
faire avorter sans l'autorisation du père. Non mariée, si elle veut garder pour
elle seule l'enfant, elle peut empêcher le père d'établir sa paternité. S'ils
35 vivent ensemble et reconnaissent tous deux l'enfant (une naissance sur
cinq, aujourd'hui, intervient hors mariage), seule la mère détient l'autorité
parentale, même si le père donne son nom à l'enfant, habite avec lui,
l'entretient entièrement et le dorlote. S'il veut partager l'autorité parentale
(pouvoir inscrire son enfant à l'école, permettre une intervention chirurgicale,
40 etc.), il doit déposer une requête auprès du tribunal. Et, dans le cas, si
fréquent, de séparation des parents non mariés, même si ce n'est pas lui qui
rompt ou qui part, le père naturel n'aura ni droit de garde, ni droit de visite, ni
droit de surveillance. C'est de la mère seule que dépendront les relations
qu'ils pourra ou non avoir avec son enfant. En cas de divorce, on sait ce
45 qu'il en est: en droit, s'il y a le «consentement mutuel» ou «torts partagés»,
les deux parents sont en principe à égalité. Mais, pour des raisons pratiques,
on délègue à un seul parent la garde et l'autorité parentale: huit ou neuf fois
sur dix, la mère «aura» l'enfant. Au père, réduit à la portion congrue, père du
dimanche et du mois d'août, ni tout à fait responsable ni tout à fait libre, vont
50 peu à peu échapper l'intimité, la complicité, la familiarité. Même s'il n'a pas
de torts, il va avoir mauvaise conscience. Il devient le parent surnuméraire, et
ses parents des grands parents secondaires. D'autant que souvent un papa
Paul ou Jacques, partenaire de son ex-femme, va entrer dans la vie
quotidienne de l'enfant. Qu'est-ce alors, pour cet enfant, qu'un père? Que
55 son père?
Parfois, tout se passe au mieux, mais si la mère le veut bien, non parce que
le rôle du père est respecté. Du reste, s'il disparaît, ou s'il ne paie pas ou mal,
la société verse à sa place une allocation. Une mère seule peut compter sur
l’État papa. Oh! Il est chiche. Mais il met plus de ressources et
60 d'empressement à payer pour remplacer le père qu'à le rechercher et le
responsabiliser. On demeure stupéfait du peu de cas qui est fait, en morale et
surtout en pratique sociale, de l'existence du père, de ses droits et de ses
devoirs, de son importance pour l'enfant. Tout cela se passe de nos jours.
À Dieu ne plaise que nous retombions dans la hiérarchie familiale, sous la
65 férule du paterfamilias à la Restif2 ou à la Mirabeau3! Mais de là à jeter le
père avec l'eau du bain ... S'ils ne sont point trop couards ou
démissionnaires, les hommes peuvent encore sauver les pères, dans l'intérêt
de nos enfants.

Annotations:

1 Sullerot, Evelyne sociologue, professeur, journaliste français; cofondatrice du «Planning
Familial», mouvement qui s'occupe du problème de la contraception; en 1971, le M.F.P.F.
comptait 180 centres et avait formé 1200 médecins aux techniques de la contraception.
2 Restif de la Bretonne écrivain français (1734-1806); c'est un réformateur, surtout un
observateur aigu des mœurs. Dans son livre «La vie de mon père» (1779), il apporte de
nombreux témoignages de la toute- puissance du chef de famille au 18e siècle.
3 Mirabeau homme politique français (1749-1791); bien que noble, il fut élu aux États
généraux comme député du Tiers État d'Aix-en-Provence, partisan d'une monarchie
constitutionnelle. Dans sa jeunesse, il fut traité durement par son père pour ses désordres et
enfermé trois ans à Vincennes: à cette époque, il y avait des lois qui complétaient la
correction paternelle et autorisaient les pères à demander l'emprisonnement ou la
déportation des «mauvais enfants».

830 mots env.


COMPRÉHENSION du TEXTE

1. Quels ont été les droits paternels traditionnels? E. Sullerot les mentionne tout en constatant leur abolition.

2. En quoi consiste la «marginalisation» actuelle du père? (l. 12)

3. Quel portrait E. Sullerot rédige-t-elle des «nouveaux pères»?

COMMENTAIRE de TEXTE

4. Expliquez la phrase: «Or, si la peur des hommes pour leur virilité et leur pouvoir dans la cité semble bien exagérée, ils ont tout lieu de s'inquiéter de l'érosion de leur rôle de père.» (ll. 9 - 11)

5. Pour décrire l'insignifiance du père actuel, E. Sullerot se sert d'une multitude de termes, dans le 2e paragraphe. Donnez-en des exemples. Quelles figures rhétoriques soulignent ce portrait détaillé du «deuxième sexe parental» (ll. 18)?

6. Expliquez la tournure «L’État papa» (l. 59).

COMMENTAIRE PERSONNEL

Exposez, en dix phrases environ, votre avis sur les sujets suivants:

7. Pensez-vous qu'il soit normal, dans un couple, que l'homme et la femme partagent les tâches ménagères?

8. À votre avis, est-il souhaitable que les hommes s'occupent de leurs enfants autant que les femmes?

9. Croyez-vous qu'une femme puisse réussir sa vie sans avoir des enfants? Donnez vos raisons.

 
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