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la francophonie
Thema: La francophonie
Text: Jean-
aus: L'Express, 11 septembre 1987
Jean-
Une organisation pas comme les autres. Ce qui unit les quarante pays
représentés à Québec, c'est plus qu'une langue ... L'amorce d'une
solidarité?
«L'opinion ne se sent pas encore concernée par la francophonie. Mais
05 elle peut le devenir», déclarait, voilà un an, François Mitterrand.
Aujourd'hui, tandis que s'achève la conférence de Québec, l'ambassadeur
de France constate avec satisfaction: «La francophonie est à la mode. Le
sommet de Versailles, il y a dix-
déclenchement.»
10 Fidèles à leur deuxième rendez-
et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français». La
France et le Québec, d'abord, qui reconnaissent au français le statut de
langue officielle unique. La Suisse, la Belgique et la plupart des républiques
africaines, ensuite, qui disposent de plusieurs langues nationales, dont le
15 français. Et tous ceux, nombreux, qui l'utilisent dans l'enseignement ou
pour les communications avec l'extérieur: de la Guinée-
Francophonie? Le terme ne plaisait pas à tout le monde: il impliquait,
sinon des relents colonialistes, du moins une participation de la France
trop hégémonique. Le président de la République, lui-
20 aux Français de se croire «encore un peu trop propriétaires» de leur
langue et d'oublier «que leur grandeur et leur force viennent maintenant
d'être mises en copropriété (...) avec des centaines de peuples». C'est
pourquoi les Vietnamiens ont suggéré de substituer au vocable
«francophonie» l'expression «pays ayant en commun l'usage du français».
25 Formule habile pour obtenir le consensus de nations qui, en d'autres
circonstances, refuseraient de s'asseoir à la même table.
Une inquiétude commune: partout le français régresse. Le fait n'est pas
nouveau. Longtemps langue privilégiée de la littérature et de la diplomatie,
il n'est plus qu'un idiome parmi d'autres: au dixième ou onzième rang
30 mondial, avec, au maximum, 200 millions de locuteurs. Loin derrière
l'anglais, seule véritable langue de communication mondiale.
Pour recouvrer son lustre passé, le français possède pourtant la chance
d'être, avec l'anglais, la seule langue qui ait su se maintenir sur les cinq
continents. Il jouit d'un statut particulier dans des systèmes politiques,
35 économiques, religieux ou ethniques de toutes sortes. Il garde, par son
ancienneté et sa diffusion, la capacité d'expression de tous les registres du
savoir et peut être, de ce fait, un véritable outil de développement
économique et social.
Pour faire de l'espace francophone autre chose qu'un combat d'arrière-
40 garde folklorique de pays qui se reconnaissent une culture commune et
désirent conserver dans leur patrimoine l'inoubliable «Il pleut, il pleut,
bergère»*, il faut d'abord sauver la langue. C’est pourquoi les premières
décisions de la conférence de Versailles, renforcées à Québec, sont allées
dans ce sens: création d'un baccalauréat francophone international,
45 diffusion de classiques en livres de poche (Victor Hugo, poésie africaine
et littérature maghrébine), extension de TV5, chaîne de télévision
francophone, création d'une agence internationale d'images, etc. Les
quarante ont aussi décidé de projets plus tournés vers l'avenir. Le
développement de programmes scientifiques, techniques et informatiques
50 en agriculture et dans les industries de la langue et de la communication
est donc à l'ordre du jour.
Mais en filigrane apparaît déjà une concurrence entre les «piliers» les plus
riches du sommet: la France, «mère des arts», qui a du mal à se défaire de
sa position «maternaliste», même si elle proclame que la francophonie
55 n'est plus le prolongement d'une identité nationale, et le Canada, qui
tient à faire fructifier sa position privilégiée, au carrefour des civilisations
anglo-
«Coopération oui. Compétition, non», s'inquiètent les pays en voie de
développement. À leurs yeux, si la francophonie ne doit reproduire que des
60 schémas existants, n'être qu'une organisation internationale parmi
d'autres, le jeu n'en vaut pas la chandelle. C'est pourquoi de plus en plus
de voix militent, dans le tiers monde, pour que ces quarante pays qui ont
en commun l'usage du français tentent de dépasser à court terme leurs
égoïsmes. Pour faire de cette conférence un nouveau forum du dialogue
Nord-
65 francophonie devienne, selon l'idée du géographe Onésime Reclus, qui
inventa la formule au XIXe siècle, «l'espace privilégié des droits de
l'homme». Mais cela sera une autre longue histoire ... Prochain épisode à
Dakar, en 1989.
Annotation:
*«Il pleut, il pleut, bergère»: chanson qu'apprennent les enfants à l'école maternelle
720 mots env.
QUESTIONS et DEVOIRS
1. Résumez, en six phrases environ, ce que dit le texte sur les atouts actuels de la langue française et sur les mesures qui pourraient assurer son avenir dans le monde.
2. En quoi le français joue-
3. Pourquoi les participants à la conférence de Québec ont-
4. Faites le plan du texte. Donnez un titre à chaque partie que vous avez trouvée.
5. Quelle conception de la francophonie l'auteur critique-
6. Dans le texte la France est qualifiée de «mère des arts». Commentez cette périphrase en vous référant à vos connaissances littéraires, par exemple.
7. Jean-
8. À votre avis, est-